Grande tendance du 21e siècle, l’IA révolutionne les métiers mais aussi les processus au sein des entreprises. Les projets d’intégration de l’IA se multiplient. En effet, 72% des entreprises envisagent de déployer des outils d’IA dans l’année à venir (selon une étude Expleo).
Entre bénéfices, freins et risques, les interrogations sont nombreuses. Pour y répondre, notre équipe LeHibou est allée à la rencontre de deux de nos lead data scientists freelances : Dan Thuy Vo et Maxime Pierson.
L’IA au cœur de tous les métiers
Les tendances du marché
L’avènement de l’intelligence artificielle bouscule le marché du travail ces dernières années. En France, le nombre d’emplois liés à l’IA a par exemple été multiplié par 7 entre 2018 et 2023. Les domaines qui connaissent un plein essor sont notamment ceux du développement, de l’analyse de données mais aussi de l’éthique de l’IA.
Aussi, le marché de l’emploi sera certainement perturbé par l’IA dans le futur. Le Forum Economique Mondial estime que l’IA remplacera 85 millions d’emplois d’ici 2025 à l’échelle mondiale. De même, elle permettrait d’en créer de nouveaux à hauteur de 89 millions.
Ainsi, l’IA entrainera des suppressions, mais aussi, et surtout, des créations et des restructurations d’emplois.
Se former à l’IA
Aujourd’hui, les personnes travaillant dans l’IA sont essentiellement issues d’un parcours en informatique, en mathématiques ou parfois même en physique. En effet, les formations en IA n’ont vu le jour que récemment, avec l’arrivée du deeplearning et de ses grandes réussites nous explique Maxime Pierson. « Pour exercer dans l’IA, il faut impérativement avoir un niveau bac+5 et des solides compétences en mathématiques » souligne ce dernier.
Il est également possible de se former en ligne à certains aspects de l’IA avec la certification Google Cloud Platform. Certaines certifications sont également délivrées par Meta ou Databricks.
Les formations de la plateforme deeplearning.ai sont aussi très efficaces pour ceux qui souhaitent se former en autodidacte, nous explique Dan Thuy Vo.
« En tant que data scientists, on est obligés d’être autodidactes : on doit se former en continu » Dan Thuy Vo
Se former aux aspects techniques de l’IA implique également de se former à ses risques et ses enjeux. En effet, l’IA (en particulier l’IA générative) peut présenter certaines menaces et limites dont il faut impérativement tenir compte au cours des projets associés. « Les personnes les plus sensibilisées à ces aspects se voient aujourd’hui confier plus de responsabilités » affirme Maxime Pierson.
Intégration de l’IA en entreprise
Pourquoi et comment intégrer l’IA au sein de son entreprise ?
D’après l’étude Adoption de l’IA Générative dans la French Tech réalisée par Mozza, 96% des entreprises perçoivent l’IA comme un levier stratégique pour leur activité. Leurs objectifs en intégrant l’IA sont principalement d’améliorer la proposition de valeur à l’aide de nouvelles fonctionnalités, de réduire les coûts opérationnels et d’augmenter leurs revenus.
Selon Dan Thuy Vo, l’intégration de l’IA au sein de son entreprise permet avant tout de rester compétitif. En effet, « plus ils optimiseront leurs opérations, plus ils pourront réduire leurs coûts de production par rapport à la concurrence » nous explique cette dernière.
Pour déployer des solutions IA en entreprise, il est nécessaire de suivre les étapes suivantes :
- Définition des objectifs et des besoins.
- Identifier les problématiques et les cas d’usages pertinents.
- Evaluer les ressources disponibles.
- Etablir les solutions à mettre en place.
- Intégration et déploiement de ces solutions.
- Veiller au respect de l’éthique et de la conformité.
- Suivi et évaluation des résultats.
36% des entreprises interrogées pour l’étude Mozza ont déjà observé un impact sur leur performance tel qu’un gain de temps et de productivité ou une amélioration de l’expérience utilisateur.
Toutefois, il faut garder en tête que dernièrement, les coûts du Cloud liés à l’utilisation de l’IA augmentent considérablement. Pour Dan Thuy Vo, la solution pour les entreprises serait de coordonner et mutualiser massivement leurs ressources entre partenaires nationaux et européens afin de développer leurs propres Clouds souverains.
Les bonnes pratiques pour une intégration de l’IA réussie
Lorsque nous avons interrogé Maxime Pierson à ce sujet, ce dernier nous a expliqué que le plus important dans un projet d’intégration d’IA était d’opter pour des solutions simples et qui répondent aux besoins métiers.
« Ce ne sont pas des pratiques spécifiques à l’IA, mais elles sont très importantes dans ce domaine. Souvent, les entreprises cherchent à adopter des technologies complexes, alors qu’un code de 30 lignes fait à la main peut faire le nécessaire » souligne-t-il.
Selon lui, il est également nécessaire de constituer des équipes ayant des visions métiers et pas seulement techniques. En effet, l’IA permet d’obtenir de nombreux indicateurs qu’il faut savoir interpréter mais aussi communiquer à ceux qui n’en ont pas les compétences.
Pour Dan Thuy Vo, la sélection des données est une étape préliminaire des plus importantes au processus d’intégration de l’IA. En effet, il convient de sélectionner les données les plus performantes pour optimiser l’entraînement de l’IA, et s’assurer de leur qualité.
Dans l’étude Mozza, plusieurs exemples d’intégration réussie sont présentés tels que celle de l’entreprise Alan (avec une automatisation de 50% de leurs interactions) ou encore celle d’Agicap (avec plus de 70% de réponses satisfaisantes fournies par leur assistant IA).
Quels obstacles à l’intégration de l’IA ?
La principale difficulté des entreprises, évoquée dans l’étude Mozza, est de prioriser les cas d’usages parmi les possibilités envisagées. Cette étude évoque de même les principaux freins à l’implémentation de l’IA générative qui sont :
- Les freins organisationnels : manque de compétences internes, identification de cas d’usages prometteurs, manque de budget.
- Les freins technologiques : manque de sécurité et de confidentialité des données, manque de contrôle de l’output final du modèle, faible quantité/qualité de données.
Au sein d’une entreprise, les visions peuvent également différer. Beaucoup de personnes restent encore sceptiques face à l’IA, tandis que d’autres souhaitent toujours s’orienter vers les dernières technologies.
« Tout le monde sait qu’il faut se tourner vers l’intelligence artificielle sans vraiment savoir pourquoi. Les cas d’usages ne sont pas tout le temps évidents. Certaines applications auraient pu être adressées plus efficacement par d’autres moyens (modélisation, mathématiques, statistiques…) » Maxime Pierson.
Quel avenir avec l’IA ?
A l’ère de l’industrie 5.0, l’humain est replacé au centre des processus industriels.
Selon Dan Thuy Vo, l’humain occupera toujours cette place centrale. « Je pense qu’on tendra vers un système où l’IA et l’humain collaboreront d’égal à égal » affirme-t-elle.
Cette dernière reste également très optimiste quant à l’avenir de l’IA. Dans le domaine de la recherche, les scientifiques ont conscience de l’impact de l’IA et du progrès qu’elle pourrait représenter au sein des sociétés.
Pour Maxime Pierson, pareillement, l’objectif de l’IA n’est pas de remplacer l’humain, mais plutôt de l’assister dans les tâches longues et répétitives. Il convient à chacun d’apprendre à travailler avec de telles technologies tout en ayant conscience de ses dangers et limites.